Faut-il débuter l’astronomie avec un télescope traditionnel ou numérique ?
Entre les amateurs d’observations astronomiques, le débat sur les conseils à apporter à un débutant en astronomie s’intensifie autour des nouvelles stations d’observation automatisées, aussi appelées télescopes numériques ou bien encore télescopes 2.0. Selon votre interlocuteur et sa vision de l’observation du ciel, vous obtiendrez des réponses très différentes et parfois même, contradictoires.
Nous tenions donc à expliquer les avantages et les inconvénients de ces instruments d’observation, afin de mieux guider les amateurs vers un outil qui leur conviendrait, plutôt que vers un appareil qui conviendrait mieux à d’autres profils d’utilisateurs.
Le succès des télescopes numériques ?
La réponse tient en une phrase : simplicité d’utilisation extrême et rapidité de mise en place. L’automatisation permise par ces appareils est très tentante pour une large partie des observateurs du ciel : ceux qui souhaitent contempler les étoiles pour des raisons esthétiques, mais pas pour apprendre la discipline de l’observation elle-même.
Pour ce type d’observateur, les durées d’apprentissage et de mise en place des outils avant de pouvoir réaliser une observation de qualité ne forment pas le cœur de leur recherche. Il s’agit même d’éléments qui finiront par rebuter les personnes les moins patientes.
En ajoutant à cela le fait que les personnes qui souhaitent se lancer dans la réalisation de photos du ciel devront également acheter du matériel supplémentaire, l’investissement en temps et en argent nécessaire à la pratique de l’observation des étoiles devient rapidement important.
Le vrai conseil à apporter à un débutant n’est donc pas de l’orienter vers tel ou tel type de télescope, mais bien de lui demander quel est son objectif dans son approche de l’astronomie. Si vous êtes plutôt un passionné de sciences qui souhaite profiter du plaisir de la recherche et de la compréhension des règles d’optique vous permettant d’observer des galaxies situées à plusieurs millions d’années lumières, une station d'observation entièrement automatisée sera sans doute moins intéressante qu’un télescope traditionnel pour lequel vous devrez effectuer vos propres réglages et ne vous apportera aucune aide à l’observation. Une grande partie du plaisir de l’observation, dans ce cas précis, consiste à trouver l’objet, à le repérer dans le ciel, et parfois à suivre le chemin de piste qui y mène.
Ce type d’observateur sera déçu si, par exemple, un astronome plus chevronné vient lui montrer directement l’objet céleste, le privant ainsi de tout le plaisir lié à la recherche.
Le télescope 2.0 est-il une bonne idée pour les enfants ?
Certains amateurs se posent la question de la pertinence de ces plateformes d’observation pour les enfants. Il est vrai que leur facilité d’utilisation les rend plus rapidement utilisables par de jeunes enfants. Ils pourront, via un eVscope ou une plateforme Stellina, en prendre plein les yeux, même si c’est par l'intermédiaire d’un écran de téléphone ou de tablette numérique.
En revanche, les vertus pédagogiques de l’outil semblent moins évidentes que celles du télescope traditionnel. Ce dernier tend plus à récompenser le sens de l’effort chez l’enfant, et, comme chez l’adulte, à suivre le “jeu de piste” à suivre pour aboutir à la cible et déceler l’objet visé (qui peut parfois être particulièrement dur à déceler même en visant la bonne zone du ciel !)
Enfin, votre décision sera sans doute fortement influencée par l’âge des enfants : un télescope numérique représente quand même un investissement financier important, et il s’agit d’un outil qui reste fragile, pas forcément adapté pour les jeunes enfants sans la surveillance d’un adulte.
Les critiques adressées aux télescopes numériques sont-elles fondées ?
Le créateur de l’entreprise Vaonis (entreprise à l’origine de la conception du Stellina), l’une des deux start-ups à la pointe dans le domaine du développement de ces télescopes nouvelle génération, met en avant le fait qu’il est beaucoup plus facile de partager des observations astronomiques avec ces nouveaux appareils. En effet, un petit groupe de personnes peut facilement partager l’observation, puisque l’oculaire est remplacé par un écran (de téléphone ou de tablette), sur lequel il n’est pas obligatoire de se pencher pour pouvoir observer le ciel.
De plus, le télescope numérique est guidé à distance via l’application sur smartphone, il est donc possible de profiter de l’observation en restant au chaud dans son salon avec ses invités.
Paradoxalement, les défenseurs du télescope traditionnel assurent que l’un des plaisirs de l’observation astronomique réside dans les sorties nocturnes en groupe. Pour eux, c’est notamment le fait de se regrouper et de partager leurs meilleures techniques d’observation avec des pratiquants moins expérimentés qui fondent le plaisir de l’astronomie amateur. Ils arguent en plus que l’utilisation d’un appareil entièrement automatisé comme l’eVscope ou le Stellina sont un frein à la transmission du savoir, les débutants n’ayant plus besoin d’apprendre à se repérer dans le ciel quand il leur suffit de choisir un objet sur catalogue pour que le pointage se fasse automatiquement. Cet état de fait tend à faire disparaître les plaisirs de la progression : l’observation du ciel à l'œil nu, le repérage aux jumelles et enfin l’observation d’objets particulièrement difficiles à détecter, même avec des télescopes de diamètre important.
Si ces critiques peuvent paraître fondées, elles semblent passer un peu vite sur le fait que les avantages des télescopes numériques (ainsi que leurs défauts) les adressent tout simplement à un public différent.
Quel télescope choisir face à ces deux options ?
Choisir un télescope semble plus complexe qu’auparavant, face à ces deux publics aux opinions souvent tranchées. Le plus simple reste de se faire un avis à l’usage, en rejoignant l’un des nombreux évènements organisés par l’Association Française d’Astronomie, ou dans un club d’observation locale. Ajoutons en conclusion que l’essor des télescopes numériques pour amateurs ne fait que commencer (le Stellina comme l’eVscope ne sont apparus sur le marché qu’en 2018) et que de nouvelles déclinaisons sont à venir.